Braconnière
J’irai glaner hors des sentiers
Les herbes folles et leurs paroles.
Je tisserai les couplets liane
Les éraflés de la bourrasque.
Lâcher les mots sans muselière,
Tous les mordus de la poussière.
Brûler les vers pour en extraire
L’âcre senteur qui prend le cœur.
Pas des momies, de joyeux mômes,
Des mots ouverts, en harmonie,
Ceux qu’on ravit à la beauté,
Voyelles à gorge déployée.
Je rugirai les mots qui feulent,
J’écrirai les textos qui buzzent
Les minis- mots qui font un max.
J’ hululerai les cris hiboux
Effrayés de leur propre audace.
Rendez-moi mon stylo
Que j’écrive sur le vif
Les mots braconnés
Tout haillonneux vêtus à la diable.
Que j’imprime les florilèges
Pattes étoilées sur la neige.
Que j’écosse les nouvelets
Extra frais jaillis de leur gousse.
Je fendrai leur coque de noix :
Quatre consonnes et trois voyelles :
Rebelle
Poémienne
Dans les lignes de ses mains
Elle écrit mille fêlures
Celles qui ouvrent les chemins
À l’envers des nervures.
À travers les champs du monde
Nul ne sait si elle est
Océanienne, métis Indienne
Fille du vent ou Poémienne.
Elle valse entre terre et ciel
Se déhanchant aux hémisphères
Et pas besoin de passeport !
À la proue des brisants,
Elle va du côté qui tangue
Car elle est matelote
Et ne s’effarouche guère
Des rafales à venir.
Sa botte secrète, c’est le mot
Qui fend l’écume
Et ricoche à tous les échos.
Elle est cet oiseau prunelle
Aux longs cils fougère
Qui voit le monde et vous l’offre.
Elle jouit du temps que voilà
Tant qu’elle respire,
Elle chantera.