La chanson que jamais je ne jouerai
À Federico Garcia Lorca
La chanson que jamais je ne jouerai
Somnambule, je la chante à la lune
Au printemps magnolia
Au parfum mauve des lilas.
Est-ce que mon âme s'envolera
Loin, brisant les barbelés
Comme une voix grondant
Par dessus les marées ?
Je l'ai griffonnée là,
Sur le mur du cachot :
Rendez-moi les oiseaux,
Les oiseaux qui m’appellent
À travers les barreaux.
Ma vie, ils l'ont saisie, captive
Sur une route blanche
Où tremble la lumière,
Où fleurit le genêt.
La chanson que jamais je ne jouerai
Elle chante pour ne pas pleurer,
Aube ivre de rosée,
Guitare aux doigts fêlés,
Elle danse pour ne pas tomber
Criblée d'étoiles
Elle crie, oiseau sauvage abattu
En plein vol.
Non! Les orbites des fusils cernés,
Je ne veux pas les voir !​
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Extrait de Banquet de mots